dimanche 20 mars 2016

Stupeur et tremblements



J’ai choisi de lire « Stupeur et tremblements », un livre d’Amélie Nothomb aux éditions Livre de Poche.

L’auteur :
Amélie Nothomb est née en juillet 1966 sous le nom de Fabienne Claire Nothomb, d’une famille de nobles. Elle a passé toute sa petite enfance (jusqu’à environ 5 ou 6 ans) au Japon. Elle fait en effet allusion à cette partie de sa vie dans son livre. Amélie Nothomb a beaucoup voyagé durant sa vie à cause du métier de son père qui était consul. Après avoir voyagé dans le monde entier, la future auteure commence des études de langues romanes et obtient sa licence à Bruxelles. Elle commence à écrire en 1992. Son premier vrai succès et son premier roman est « l’Hygiène de l’assassin » un roman reconnu dans le milieu littéraire. L’auteure s’est donné pour objectif d’écrire un livre par an, sa bibliographie compte donc un livre par an de 1992 à 2015, en passant de « la Métaphysique des tubes » au « Voyage d’hiver ».

Le livre :
« Stupeur et tremblements » est  un livre autobiographique racontant l’histoire d’Amélie, une jeune expatriée vivant et travaillant au Japon, qui a été engagée dans la compagnie Yumimoto à un poste assez vague et qui essaie de s’intégrer dans l’entreprise (et dans la société)  japonaise. Elle y rencontre Mlle Fubuki, sa supérieur directe, tout d’abord adorable et amicale mais qui se révèlera dure et rancunière. Le supérieur au-dessus est M. Saito. Au départ, on a l’impression qu’il est détestable et cruel mais au fil du livre  on s’aperçoit qu’il est gentil, doux et qu’il a un peu d’affection pour Amélie. Durant tout le livre, on voit la descente d’Amélie, on suit ses heures de travail redoutant à chaque page une nouvelle dispute avec un cadre, une nouvelle erreur (souvent provoqué). Nous découvrons une société japonaise intransigeante. Amélie se fait maltraiter par sa supérieure et ne dit rien ou réagit étrangement.
Le livre parle de la difficulté du travail en entreprise, de la relation avec les collègues, personnes avec qui on passe le plus clair de son temps et que nous n’apprécions pas, peu ou énormément, personne que nous découvrons sans y faire attention. L’auteur parle de cette relation d’une manière assez déroutante. Cette relation lunatique est enivrante, on y perd la tête, on ne peut plus s’arrêter. Tout à coup se vider une poubelle sur le corps pour se réchauffer devient une bonne idée ou une idée pas si folle en tout cas. Alors que pourtant dans la réalité les relations entre collègues sont basiques, inexistantes ou totalement soporifiques et rares sont les réelles sentiments (positifs et négatifs) entre collègues. Elle revisite ce point de vue en amenant des personnages (je l’espère pour elle rendus plus impulsifs et méchants).
  L’auteur réussit à faire rêver le lecteur dans un décor industriel, ce qui parait paradoxal. Elle met en parallèle deux Japons le premier industriel, courant après les taux, les pourcentages, et l’argent et le second poétique, calme, naturel.

Ce que j’en pense :
 Mon personnage préféré est Mlle Fubuki. L’auteur fait évoluer ses sentiments (et en même temps les nôtres) au fil du récit. Elles semblent s’adorer et puis, par jalousie, Fubuki (tempête de neige en japonais) va trahir Amélie. L’aspect mat, lisse, sans histoire de départ me laissait légèrement indifférente face à ce personnage mais la découverte de sa (ses) trahisons lui a donné une toute autre image. Sa façon  d’être aussi carriériste fait à la limite peur, son pouvoir, sa colère, sa beauté semblent tourbillonner sans savoir dans quel sens aller ou bien justement en allant que dans un seul sens sans prendre les autres en compte. Mlle Fubuki est un énorme paradoxe entre l’image rangée et sage de la femme japonaise et l’image agressive qu’elle donne à Amélie.
Je voudrais parler d’un passage qui m’a beaucoup chamboulée, celui où Amélie décrypte la société Japonaise à partir de l’éducation des Japonaises (et un peu des Japonais). Ce passage m’a fait réfléchir sur ce modèle féminin que les Japonais auraient et ça m’a fait presque peur car j’ai eu l’impression qu’elle décrivait des machines sans cœur et non des humains.
J’espère donc que la société Japonaise a évolué et que l’image de la femme s’est améliorée en 17 ans car il m’est très difficile de comprendre comment une société peut mettre en place un schéma pareil.
Je ne connaissais pas la société japonaise et je ne pense pas que ce livre la mette en valeur mais il fait apparaitre des tares communes à bien des sociétés. Je reste ouverte d’esprit par rapport à la société japonaise et reste optimiste au sujet de son amélioration (si elle était vraiment comme décrite dans ce livre).
Pour résumer, je trouve qu’avec une écriture très fluide Amélie Nothomb a dépeint un Japon assez désagréable et miséreux mais qu’elle a aussi su lui prouver son amour visiblement inconditionnel. 
Elle a aussi dépeint une société semblant irréprochable dont les failles ne se voient pas au premier coup d’œil, malheureusement.
Je ressors de ce livre assez chamboulée ne pouvant vous dire si je l’ai aimé ou pas. 

Justine Grollier

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