samedi 5 février 2011

A-t-on toujours besoin d’un chef ? Compte-rendu du café philo sur l'anarchisme


Proposé par des élèves, le débat porte aujourd’hui sur l’anarchisme, c’est-à-dire sur la possibilité de penser la société dans un cadre libéré de tout principe de domination. Peut-on libérer l’individu de toute soumission en lui proposant de gérer le social comme l’individuel ? En d’autres termes plus simples, peut-on se passer de chefs ?

Maxence : « On n’a pas toujours besoin d’un chef, parce que dans la vie quand on se retrouve seul, il faut faire preuve d’autonomie, prendre des décisions tout seul ».
Séverine : « L’émancipation des peuples n’est pas toujours compatible avec l’idée d’un chef puissant ».
Un élève de 6e : « Nous en France, on ne voulait plus de chef, c’est pour ça qu’il y a eu la révolution, mais après on a rétabli un pouvoir avec des chefs, des lois, une police et une armée ».
François : « S’il n’y a pas de chef, c’est le Far-West, tout le monde fait ce qu’il veut. Les gens ne sont pas assez autonomes pour pouvoir vivre sans chef ».
Victor : « En Belgique, ils n’ont plus de gouvernement, et bien les belges sont perdus, ils demandent un gouvernement ».
Manon : « On a besoin de cadres, ces cadres n’empêchent pas qu’on reste en démocratie et qu’on ait des libertés. A la maison, il y a quelqu’un pour nous cadrer, c’est les parents».
Maxence : « En tant qu’enfant, on a plein de chefs au dessus de nous : les parents, les profs, la principale, le président ».
Cloé : « Ce n’est pas le président qui va nous dire « va te brosser les dents ! » »
Virgile : « Ce n’est pas pareil, les parents ne sont pas vraiment des chefs, ils doivent faire notre éducation, et nous poser des limites. Si à l’adolescence tu as envie de plus d’autonomie, il faut en avoir les moyens, ne plus dépendre d’eux financièrement ».
Victor : « l’école soumet trop les élèves, et les habitue à la soumission. Si on a toujours besoin de chef, c’est à cause de notre éducation. Si les rapports étaient différents, les choses pourraient évoluer dans un autres sens ».

Peut-on imaginer un monde sans président ?
Un sixième : « y’en aurait plein qui feraient des bêtises, il y aurait des guerres civiles ».
Maxence : « il y a des chefs partout et pourtant il y a des guerres ».
Paul : « Il y aurait plein de vols, les gens feraient n’importe quoi ».
Cloé : « Pour que ça marche, il faudrait que tout le monde pense pareil ».

Peut-on imaginer une gestion de société autre que par des dirigeants ?
Virgile : « Pour que ça marche il faudrait supprimer l’argent ».
Jacques : « Proudhon, un de ceux qui ont pensé l’anarchisme, disait : la propriété c’est le vol ».
Manon : « Tout le monde n’est pas prêt à tout partager, on a besoin d’avoir des choses personnelles, qu’on n’a pas envie de partager ».
Un sixième : « si quelqu’un plante du blé, c’est à lui ».
Victor : « Oui mais si un mécano répare le tracteur du mec qui plante le blé et bien en échange il lui donne du blé. C’est un échange permanent et les tâches sont réparties ».
Jacques : « A Châtellerault, ça existe, c’est le système d’échange local, le SEL. Chacun propose une compétence : tailler une haie, réparer une haie, parler une langue étrangère… et sans passer par de l’argent on troque son savoir-faire ».
William : « Il ne faudrait pas de riches. Pourquoi ceux-là possèdent plus que les autres ? »
Manon : « On a besoin d’un espace privé ».
Théophile : « non, c’est juste qu’on est trop habitués à fermer notre porte ».
Victor : « ça pourrait se faire dans les villages, les gens feraient des réunions et régleraient leurs problèmes ensemble ».
Un sixième : « ça ne marcherait pas dans les entreprises, les ouvriers ne sauraient pas faire ».
Manon : «Il faut quelqu’un pour assumer les responsabilités ».
Jacques : « Coopératives, espaces d’autogestion, scop : les ouvriers s’organisent pour faire marcher le système. Il ya des lycées qui fonctionnent sur ce modèle, comme à Saint Nazaire »
Lucas : « Si on partage tout dans une communauté, il faut se faire confiance ».
Maxence : « Si on met tout en commun, il n’y aura plus de vol ».
Arwen : « Il y aura toujours des gens qui veulent plus que les autres ».
Victor : « Il faut que les autres personnes soient tes amis, on n’a pas envie de voler ses amis ».
Théophile : « Mais si quelqu’un fait semblant d’être ton ami ? »
Maxence : « ça va être dur pour les premiers qui vont mettre cette société en place, mais les enfants qui vont être élevés dans cette ambiance, ça sera plus facile".
Jacques : « Il existe un peuple pacifique en Colombie, les Arhuacos, qui n’ont pas de chef, pas de propriété pas de prison, pas d’armes, pas de criminels ».

La plupart des arguments et contre-arguments sont posés. Pour ce débat comme pour les autres, la discussion est loin d'être close. Au lecteur de la continuer, y compris par des commentaires…

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